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Bretagne, France
Romancière, poètesse...

vendredi 18 mars 2011

Les rues de Palerme

Parution : 2011
Page : 150
ISBN : 978-2-916685-60-1
Format : 11 x 18 cm.


Prix : 10 €

Palerme 1960.
Maria, une jeune prostituée, accouche d'une petite fille qu'elle prénomme Vittoria. Peu de temps après, Gino, son souteneur lui ordonne de rencontrer un homme du milieu du banditisme, qui la veut absolument. Son amie Paulina, inquiète de ne pas avoir de nouvelle, se rend à Santa-Bella où elle apprend une terrible nouvelle. Elle-même sous le courroux du souteneur, Gino, doit prendre une lourde décision quant à l'avenir de l'enfant, devenue orpheline. Il est hors de question que l'enfant tombe dans la prostitution.
Paulina saura-t-elle prendre la bonne décision pour protéger Vittoria de Gino ?

Extrait :
 
1960 - Palerme, Sicile


— Allez pousse, il arrive!
Paulina prit la tête du bébé dans ses mains et l'aida avec délicatesse à sortir des entrailles de la jeune mère. Cette dernière émit un hurlement de douleur tel qu'il résonna dans la petite chambre où logeaient les deux femmes.
— C'est une fille, Maria! C'est une petite fille! annonça fièrement Paulina.
Maria, épuisée par l'accouchement qui avait duré plus de quinze heures ferma les yeux et s'endormit après avoir aperçue son enfant. Quelques secondes plus tard, le nourrisson criait pour la première fois, sous l'œil attendri de Paulina, la sage-femme improvisée.



La nouvelle accouchée émergea d'un sommeil qui l'avait apaisé.
— Paulina! appela-t-elle.
Aucune réponse. Il n'y avait personne dans la chambre.
— Paulina! Où es-tu? cria-t-elle, plus fort.
La porte s'ouvrit brusquement. L'interpellée entra toute paniquée.
— Je suis là, Maria, je fumais juste une cigarette dans le couloir. Que se passe-t-il? Tu as mal quelque part? s'inquiéta-t-elle.
— Non, je veux voir mon bébé. Où est-il?
— Je l'ai laissée à Carla. Il fallait que tu te reposes après cette belle épreuve. Et puis, elle a plus l'habitude que moi avec les enfants.
— Veux-tu bien aller chercher ma fille, s'il te plaît?
— Bien sûr, répondit Paulina. Au fait, le médecin passera te voir tout à l'heure. Je l'ai appelé après que tu te sois endormie.
— Merci Paulina.
Restée seule, Maria repensa aux dernières heures passées, elle se sentait heureuse. Elle allait enfin tenir son enfant dans ses bras, quel bonheur!
Elle s'assit sur le lit, prit une grande pince à cheveux posée sur le chevet en bois près d'elle et, attacha sa longue chevelure d'un blond doré en un chignon bas sur la nuque. Sa couleur si claire attirait tellement le regard des hommes qu'elle pensait parfois la teindre en sombre mais Gino, son souteneur, le lui avait strictement interdit. « Cette chevelure est ton meilleur atout, ne t'avise pas de la couper ou d'en changer la couleur », disait-il à chaque fois qu'elle y pensait. La jeune femme avait hérité de sa mère cette belle crinière aux reflets chatoyants. Une mère originaire de Venise. Non qu'elle regrettât cet héritage mais certains clients attirés par une couleur de cheveux rare sur l'île sicilienne fantasmaient très vite sur elle. De ce fait, elle devint la prostituée la plus en vue du quartier. Ce qu'elle n'avait jamais recherché.
D'une pensée à l'autre, Maria repensa à sa pauvre maman, laquelle ne s'était jamais faite à la vie à Trapani, très différente de l'Italie du Nord. Malgré l'amour qu'elle vouait à son mari et une vie épanouie, son vœu le plus cher avait toujours été qu'ils puissent partir vivre hors de la Sicile avec leur petite Maria.
Combien de fois la petite fille avait entendu Bianca conseillant à Roberto de vendre leur propriété de Trapani pour acheter du côté de la Vénètie. Malheureusement, il lui rappelait sans cesse qu'il lui était impossible de se défaire du domaine légué par ses parents, qui eux-mêmes l'avaient reçu en héritage, ainsi depuis quatre générations.
Lorsque Roberto décéda, Maria atteignait à peine six ans et le souhait de Bianca aurait pu à ce moment-là, se réaliser. Quitter enfin cette île bien que merveilleuse mais où elle ne s'adaptait pas. Dans ce choix, la veuve y vit comme une trahison envers son défunt époux. Elle resta donc en Sicile avec leur petite fille.
La famille de la jeune veuve organisa rapidement son remariage avec un homme d'apparence tendre et honnête, Ernesto Cabaliero, qui se révéla par la suite autoritaire et égoïste. Du côté de Roberto, personne ne s'y opposa. Bianca avait bien essayé de convaincre ses parents et ses beaux-parents qu'elle n'avait pas besoin d'un autre homme dans sa vie mais rien n'y fit. « Tu ne peux pas rester seule avec une enfant, il te faut un nouveau mari! » avait décrété sa mère, venue de Venise, pour l'enterrement de Roberto. «Une femme ne peut s'occuper d'une exploitation comme celle-ci. Oui, il te faut un homme.» avait continué son beau-père.
Pauvre Roberto! À peine était-il sous terre, qu'elle devait reprendre un mari, pour rassurer sa mère et son beau-père. Comment leur faire comprendre que son coeur gardait intact l'amour du père de Maria? Et puis, elle avait secondé Roberto, à plusieurs reprises, dans des moments de grandes affluences, elle connaissait le métier.
Au fil des mois, devant  tant d'insistance, elle n'avait plus osé s'opposer à cette nouvelle union.
Un an de deuil fut, évidemment, respecté et Bianca devint l'épouse d'Ernesto Cabaliero, un grossiste en sel de Palerme. Ce dernier était ravi de mettre la main sur une aussi grande et belle exploitation de sel. Bianca ne l'intéressait pas plus que cela, quant à la petite Maria, il évitait qu'elle soit là, quand il rentrait des salines. Sur son ordre, une nourrice avait donc été engagée pour l'enfant malgré les protestations de Bianca. Ernesto, voulait que sa femme travaille ; il était hors de question, comme il le disait, qu'elle se tourne les pouces.
Les ouvriers agricoles ne mirent pas longtemps à s'apercevoir que leur nouvel employeur était un gredin, doublé d'un égoïste sans coeur. La vie à Trapani changea radicalement…

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