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Bretagne, France
Romancière, poètesse...

vendredi 18 mars 2011

Non-dits


Elvira, une petite fille intelligente, vit auprès d'une mère narcissique, d'un père irascible et d'un frère qui l'adore.
Lorsqu'un drame surgit dans la famille, elle a tout juste huit ans.
Tandis que la gamine reste étrangement imperturbable, son frère Guillaume chutera d'abîme en abîme.
Pour ces deux-là, l'enfer revêt plusieurs visages et chacun à sa façon, affronte celui-ci.
Sauront-ils s'en détourner afin d'écrire enfin leur propre histoire ? Les non-dits finiront-ils par se faire enfin, entendre ? A quel prix ?
De Province à la capitale, l'auteur emmène son lecteur dans un dédale de rebondissements les plus inattendus. 
 
 
 
 



Page : 150
ISBN : 978-2-916685-48-9
Format : 11 x 18 cm.
Editeur : Un Livre Une Aventure

Prix : 10 €
 
Extrait :
 
Le claquement d'une gifle retentit en écho dans le salon. Elvira regarda son père assis sur un fauteuil, un livre de comptes dans une main, l'autre encore levée contre elle. Surprise par cette réponse corporelle, elle ne répliqua pas. Sa question était-elle déplacée? Avait-elle parlé sans réfléchir?
— Va donc aider ta mère à la cuisine! continua son père d'un ton brusque. Tu me fatigues avec tes questions idiotes!
La petite fille, âgée d'à peine huit ans, s'exécuta, quittant la pièce sans demander son reste. Sa joue la cuisait mais pour rien au monde, elle ne se serait plainte à sa mère ou à qui que ce soit.
Dans la cuisine, Edith, sa mère préparait le déjeuner. Sans un mot, Elvira monta sur un tabouret pour atteindre le placard mural qu'elle ouvrit pour prendre quatre assiettes sur lesquelles elle déposa quatre verres rangés juste à côté. Doucement, pour ne rien faire tomber, elle descendit de son support puis commença à mettre la table sans un mot.
Très vite, sa mère remarqua la tache rouge sur la joue de sa fille.
— Tu as encore fait une bêtise? Pour ne pas changer! demanda-t-elle.
— J'ai posé une question à papa et il m'a giflée.
— Voilà ce qui arrive quand on pose des questions stupides.
La gamine avait une fâcheuse habitude, selon ses parents, de poser des questions à tout bout de champ.
Pourquoi ceci?
Pourquoi cela?
Elvira avait tellement soif de savoir.
D'ailleurs à l'école, l'institutrice, elle, la félicitait de ses demandes, mais c'était l'école!
Lorsque ses parents, Ruffin et Edith Santini, parlaient entre eux, elle remarquait souvent que le ton baissait ou s'arrêtait lorsqu'elle arrivait dans la même pièce. « Pourquoi tant de messes basses? » pensait-elle alors. Sa curiosité s'éveillait d'autant plus devant ce comportement étrange. Y avait-il des paroles que les enfants ne pouvaient entendre?
La porte d'entrée grinça sur ses gonds, ses pensées s'envolèrent. Un courant d'air frais s'insinua dans la pièce. Guillaume fit son apparition, un énorme sac à provisions dans les bras. Il le déposa sur le sol. Elvira regarda son frère se frotter les mains pour essayer de les réchauffer. Elles étaient bien rouges!
— Quel froid! confirma-t-il.
— Tu n'as pas mis tes gants? demanda sa mère.
— Si, mais le froid les transperce.
Elvira s'approcha du sac et commença à ranger les aliments.
— Guillaume! Tu as oublié d'acheter le beurre, dit sa sœur.
— Oh zut ! J'étais pourtant sûr de l'avoir pris.
— Elvira! commanda leur mère. Va chez le vieil épicier, prendre une petite barquette et dis-lui de la mettre sur notre compte. Je passerai dans la semaine lui régler la note.
— Oui, maman, tout de suite.
La petite fille se dirigea vers l'entrée et décrocha son manteau de la patère fixée sur le mur du couloir. Elle mettait son bonnet quand Guillaume la rejoignit.

— Couvre-toi bien, petite sœur. Il fait très froid!
— Je vais enfiler mes gants de laine tricotés par grand-mère Yvonne.
— Prends ton écharpe également, je ne voudrais pas que tu attrapes un mauvais rhume. Le vent est glacial.
La gamine courut dans sa chambre à l'étage, chercher l'écharpe, l'enroula autour de son cou et redescendit aussi vite. Parée contre le froid, elle sortit enfin affronter le vent de l'automne sous le regard attendri de Guillaume.
Elle marcha deux cents mètres. Monsieur La Bastide, l'épicier rentrait ses étalages.
— Attendez, attendez, Monsieur La Bastide! cria-t-elle assez fort. Ne fermez pas!
Le vieil homme se retourna. à la vue d'Elvira, son visage ridé s'embellit d'un sourire.
— Ma petite Elvira! Mais que fais-tu dehors par ce temps?
Elle traversa la rue.
— Maman m'envoie chercher du beurre.
— Viens, entre au chaud !

L'enfant et le vieil homme s'engouffrèrent dans l'épicerie.
— Eh bien, une minute de plus et tu trouvais porte close.
— Maman n'a pas dû voir l'heure, Monsieur La Bastide.
— Sûrement, ma petite, sûrement…
L'épicier prit le beurre dans le compartiment frais, l'enveloppa dans du papier journal puis le tendit à la fillette.
— Voilà, jeune fille.
— Merci. Vous le mettez sur la note de maman. Elle passera vous voir pour le règlement.
— Bien sûr, ne t'inquiète pas. Rentre vite chez toi!
— Merci. Au revoir, dit poliment Elvira.
Lorsque la porte fut refermée, le vieux monsieur regarda à travers la vitrine, secouant la tête d'un air triste.
— Pauvre gamine! Edith ne changera jamais.
Il prit le gros trousseau de clefs posé sur le comptoir et ferma l'épicerie pour la fin de la journée.
À soixante-quinze ans, il ne se résignait pas à vendre. « Alexandre reviendra peut-être. »

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